Alfaset, fleuron cantonal de l’inclusion

Giovanni Sammali

Répartis sur douze sites et occupant six cents bén éficiaires, la Fondation est emblématique de ce que peut réussir notre canton quand il joue (vraiment) l’unité et la solidarité. Décryptage avec so n directeur René Barbezat. Né dans le Bas, il vit au Locle en gardant ses racines au bord du lac

Il croit en l’unité cantonale, René Barbezat ! Il l’incarne même. Dans son vécu personnel (interview ci-contre) comme dans son activité professionnelle. Le directeur général de l’institution transcantonale, qui délivre huit cents salaires sur les douze sites qu’elle compte du lac aux montagnes, ne le cache pas : « Il y a une similitude forte : je suis un peu à son image. Ou vice-versa ! J’ai habité à Neuchâtel. Et chaque fois que je vois le lac, je suis émerveillé. Mais j’ai vite besoin des sapins de nos hauteurs. Je travaille la moitié de mon temps dans le Bas et c’est un des aspects de ce job qui me plaît. »

Alfaset vise l’inclusion des personnes en situation de handicap, au travers d’un travail, dans des activités de type industriel, occupationnel, et des ateliers de réhabilitation psyscho-sociale. « Pour le faire, on s’appuie sur un secteur résidentiel, qui permet de loger des personnes seules ou diminuées. »

Une précision s’impose : 90 % des bénéficiaires sont des personnes en situation de handicap psychique ou de retard mental, mais pas souffrant de maladies congénitales (trisomie, IMC…) « Beaucoup de monde nous confond encore avec les Perce-Neige », note René Barbezat.

Côté finances, l’ancien chef du service des finances de la Ville relève que les RH d’Alfaset établissent chaque mois… Huit cents salaires ! Deux cents pour l’encadrement et l’administration, six cents pour les personnes bénéficiaires. Le budget annuel de 28 millions est couvert pour moitié par les revenus, pour le reste par la subvention cantonale. « Avec 50 % d’autofinancement, on se débrouille plutôt bien. »

Les propos qui réjouissent le plus le directeur ? « Ceux des personnes admiratives de voir ce qu’on est capable de produire, la qualité de ce qu’on arrive à réaliser avec nos gens et les compétences qu’on réunit. Côté prix et respect des délais, on a le niveau aussi ! Notre crédibilité est là. »

A contrario, ce qui froisse le plus le capitaine du navire Alfaset, « c’est la méconnaissance ou la non-reconnaissance de nos compétences dans le public. Nous avons un déficit d’image. À tout le moins, celle que nombre de personnes ont de nous est réductrice. En regard des potentiels que nous avons et dont nous pouvons faire profiter notre clientèle.

« Nous sommes là pour les industriels. On compte des groupes horlogers comme Richemont, ou des géants comme Philipp Morris parmi nos clients. Notre dimension sociale nous permet de leur apporter cet élément des critères ESG (environnement, social et gouvernance). Et nous suivons un projet de développement durable. »

Parmi les fleurons de ce fleuron de l’inclusion, il y a l’imprimerie, qui a repris les machines d’un ancien imprimeur des Montagnes. « Un secteur qui marche très fort. » Et comment ne pas citer l’atelier orthopédique, qui réalise des prothèses, et qui a valu un contrat avec le CICR. « Une belle réussite : on a pu travailler pour l’externe sans bénéficier de subventions cantonales. »

Bois, miel, petits rennes et… l’image
À la veille des fêtes comment ne pas citer la production de miel, ou la menuiserie d’Alfaset, qui s’est fait une renommée avec ses magnifiques jeux et objets en bois comme l’établi d’horloger, le sourisquick, les sapins stylisés ou de craquants petits rennes. « On réduit la gamme à sept ou huit produits, mais on a avec le Cokinole une nouveauté assez fantastique. » Et René Barbezat de nous faire la démo d’un lancer sur ce plateau arrondi où l’on fait glisser les pions, qui rappelle le carambole.

Tout pour plaire. À condition d’atteindre une notoriété qui soit en phase. « Notre image, on y travaille. Nous avons opéré un tout récent changement de charte graphique. Et nous sommes devenus très actifs sur LinkedIn. Ce dynamisme nous a déjà valu de nouveaux clients. »

 

René Barbezat : « Un exemple de trait d’union pour notre canton »

– René Barbezat pur Chauxois ?
– Mais pas du tout ! Bien des gens le pensent, parce que j’ai dirigé quatorze ans les finances de la Ville, jusqu’en 2016. Je suis né à St-Aubin, avant de monter au Locle avec mes parents autour de mes 7 ans. Mais j’ai toujours gardé des attaches dans le Bas. Ma maman y a habité jusqu’à cette année.

– La guerre Haut-Bas ?
– On ne peut pas le nier : il y a quand même eu plus d’investissements dans le Bas que dans le Haut. Le développement démographique et économique a été plus fort sur le littoral. Mais j’ai grand espoir dans les nouvelles liaisons routières et ferroviaires. Nous ne serons plus les laissés pour compte de la Suisse, de la Romandie et le Haut du Bas !

– Avec votre vécu, plus Loclois, Chauxois, ou Neuchâtelois ?
– Neuchâtelois ! Mais global, cantonal. La guerre Haut-Bas pas, on est trop petits pour se perdre dans ces querelles : on est plus petits que Lausanne ! Or on a la chance d’habiter un canton où on a tout. On devrait et on pourrait beaucoup plus capitaliser sur ce Canton total, du lac à la montagne, mais aussi en offre culturelle, universitaire, événementielle, etc.

– Qu’est-ce qui vous fait courir ?
– La famille aussi : j’ai trois enfants et je suis deux fois grand-papa. Les voyages. La musique. Je joue toujours du saxophone ! J’ai été champion de babyfoot (réd. : il était redoutable au Las Vegas, ancien salon de jeu de La Tchaux). Et j’ai joué au foot jusqu’à 54 ans, au FC Le Locle, aux Brenets, à Ticino.

– L’avenir ?
– Je ne suis pas optimiste. Plutôt inquiet. On voit que tout part en vrille, mais on ne fait rien. Le règne du pognon avant tout continue de plus belle. Nos sociétés sont trop orientées sur le court terme et les profits maximisés. Et on s’égare dans les questions d’échelles : on se fait emm… pour une fumée de voiture alors qu’un seul paquebot pollue plus que vingt-six millions d’autos. Ou que l’aviation civile. On nage en pleines incohérences. Je ne suis pas de gauche, mais je suis pragmatique : vert au fond de moi, je n’aime pas les extrêmes. L’opposition aux éoliennes. À titre personnel je suis prêt à me mettre au train et au vélo, que je pratique beaucoup en VTT. Mais il faut les conditions.

 

Un Marché de Noël pas comme les autres

Alfaset participait au rendez-vous de Polyexpo. Puis aux Artisanales de Neuchâtel. Après une participation au marché de Noël de la ville à Espacité, l’institution a décidé d’organiser son propre marché dans ses locaux. « Et ça a bien… marché ! », lance René Barbezat.

Tous les artisans sont repartis pour cette 2e édition, qui marque peut-être bien le début d’une belle histoire. Depuis ce mercredi 13 décembre, au siège chaux-de-fonnier de l’institution, rue des Terreaux 48, une trentaine d’exposants, sur autant de stands, c’est le plus grand rendez-vous du genre dans la Métropole horlogère. La liste des artisans peut être consultée sur

www.alfaset.ch/noel.

« Il vous reste ce vendredi de 17 h 30 à 20 h et ce samedi de 10 h 30 à 16 h pour le découvrir », lance Patrick Lortscher, son responsable.

Concours à la clé !
Un concours est organisé avec de nombreux prix, offerts par des artisans participant au marché. À déguster sur place : vin chaud, thé de Noël ou soupe. La recette de ces ventes sera versée à la fondation Pro-Alfaset qui améliore le quotidien des bénéficiaires de la fondation Alfaset en leur proposant diverses activités.

En tout cas, si vous devez craquer pour un jouet en bois, l’atelier menuiserie d’Alfaset produit des bijoux du genre, dont une nouveautés des plus attractives avec le Cokinole. Y jouer, c’est l’adopter !

 

Tout savoir sur la fondation Alfaset

Créée en 1962 à La Chaux-de-Fonds, la fondation compte douze sites répartis dans le canton, dont quatre ateliers intégrés en entreprises (Felco, Philipp Morris, Horotec, Von Bergen), trois lieux de vie. Au total, le paquebot emploie huit cents collaborateurs, dont six cents employés en situation de handicap (bénéficiaires), dans des ateliers de type industriel et du CNR (Centre neuchâtelois de réhabilitation).

Institution privée d’utilité publique, elle tourne pour moitié sur les revenus de ses activités, services et production, et pour moitié sur une subvention cantonale.

Son panel d’activités assurées : imprimerie, serrurerie, thermolaquage, sous-traitance horlogère, service traiteur, maintenance bâtiment,
menuiserie, blanchisserie, câblage, mécanique, conditionnement, numérisation, injection plastique. Sans oublier le partenariat avec la Croix-Rouge internationale (CICR) pour des produits orthopédiques.

La Fondation Alfaset a pour mission d’accueillir et d’accompagner des personnes adultes souffrant de handicaps et de difficultés psychosociales. Elle leur offre un accompagnement personnalisé pour favoriser leur intégration socio-professionnelle. Ses partenaires sont les acteurs du domaine social et de la santé, les clients industriels, les particuliers ainsi que le canton de Neuchâtel. La charte de la fondation le précise : « Nous nous engageons pour une inclusion sociale et une intégration professionnelle en tenant compte des spécificités individuelles. »

 

 

 

René Barbezat : « Un exemple de trait d’union pour notre canton »

– René Barbezat pur Chauxois ?
– Mais pas du tout ! Bien des gens le pensent, parce que j’ai dirigé quatorze ans les finances de la Ville, jusqu’en 2016. Je suis né à St-Aubin, avant de monter au Locle avec mes parents autour de mes 7 ans. Mais j’ai toujours gardé des attaches dans le Bas. Ma maman y a habité jusqu’à cette année.

– La guerre Haut-Bas ?
– On ne peut pas le nier : il y a quand même eu plus d’investissements dans le Bas que dans le Haut. Le développement démographique et économique a été plus fort sur le littoral. Mais j’ai grand espoir dans les nouvelles liaisons routières et ferroviaires. Nous ne serons plus les laissés pour compte de la Suisse, de la Romandie et le Haut du Bas !

– Avec votre vécu, plus Loclois, Chauxois, ou Neuchâtelois ?
– Neuchâtelois ! Mais global, cantonal. La guerre Haut-Bas pas, on est trop petits pour se perdre dans ces querelles : on est plus petits que Lausanne ! Or on a la chance d’habiter un canton où on a tout. On devrait et on pourrait beaucoup plus capitaliser sur ce Canton total, du lac à la montagne, mais aussi en offre culturelle, universitaire, événementielle, etc.

– Qu’est-ce qui vous fait courir ?
– La famille aussi : j’ai trois enfants et je suis deux fois grand-papa. Les voyages. La musique. Je joue toujours du saxophone ! J’ai été champion de babyfoot (réd. : il était redoutable au Las Vegas, ancien salon de jeu de La Tchaux). Et j’ai joué au foot jusqu’à 54 ans, au FC Le Locle, aux Brenets, à Ticino.

– L’avenir ?
– Je ne suis pas optimiste. Plutôt inquiet. On voit que tout part en vrille, mais on ne fait rien. Le règne du pognon avant tout continue de plus belle. Nos sociétés sont trop orientées sur le court terme et les profits maximisés. Et on s’égare dans les questions d’échelles : on se fait emm… pour une fumée de voiture alors qu’un seul paquebot pollue plus que vingt-six millions d’autos. Ou que l’aviation civile. On nage en pleines incohérences. Je ne suis pas de gauche, mais je suis pragmatique : vert au fond de moi, je n’aime pas les extrêmes. L’opposition aux éoliennes. À titre personnel je suis prêt à me mettre au train et au vélo, que je pratique beaucoup en VTT. Mais il faut les conditions.

 

Un Marché de Noël pas comme les autres

Alfaset participait au rendez-vous de Polyexpo. Puis aux Artisanales de Neuchâtel. Après une participation au marché de Noël de la ville à Espacité, l’institution a décidé d’organiser son propre marché dans ses locaux. « Et ça a bien… marché ! », lance René Barbezat.

Tous les artisans sont repartis pour cette 2e édition, qui marque peut-être bien le début d’une belle histoire. Depuis ce mercredi 13 décembre, au siège chaux-de-fonnier de l’institution, rue des Terreaux 48, une trentaine d’exposants, sur autant de stands, c’est le plus grand rendez-vous du genre dans la Métropole horlogère. La liste des artisans peut être consultée sur

www.alfaset.ch/noel.

« Il vous reste ce vendredi de 17 h 30 à 20 h et ce samedi de 10 h 30 à 16 h pour le découvrir », lance Patrick Lortscher, son responsable.

Concours à la clé !
Un concours est organisé avec de nombreux prix, offerts par des artisans participant au marché. À déguster sur place : vin chaud, thé de Noël ou soupe. La recette de ces ventes sera versée à la fondation Pro-Alfaset qui améliore le quotidien des bénéficiaires de la fondation Alfaset en leur proposant diverses activités.

En tout cas, si vous devez craquer pour un jouet en bois, l’atelier menuiserie d’Alfaset produit des bijoux du genre, dont une nouveautés des plus attractives avec le Cokinole. Y jouer, c’est l’adopter !

 

Tout savoir sur la fondation Alfaset

Créée en 1962 à La Chaux-de-Fonds, la fondation compte douze sites répartis dans le canton, dont quatre ateliers intégrés en entreprises (Felco, Philipp Morris, Horotec, Von Bergen), trois lieux de vie. Au total, le paquebot emploie huit cents collaborateurs, dont six cents employés en situation de handicap (bénéficiaires), dans des ateliers de type industriel et du CNR (Centre neuchâtelois de réhabilitation).

Institution privée d’utilité publique, elle tourne pour moitié sur les revenus de ses activités, services et production, et pour moitié sur une subvention cantonale.

Son panel d’activités assurées : imprimerie, serrurerie, thermolaquage, sous-traitance horlogère, service traiteur, maintenance bâtiment,
menuiserie, blanchisserie, câblage, mécanique, conditionnement, numérisation, injection plastique. Sans oublier le partenariat avec la Croix-Rouge internationale (CICR) pour des produits orthopédiques.

La Fondation Alfaset a pour mission d’accueillir et d’accompagner des personnes adultes souffrant de handicaps et de difficultés psychosociales. Elle leur offre un accompagnement personnalisé pour favoriser leur intégration socio-professionnelle. Ses partenaires sont les acteurs du domaine social et de la santé, les clients industriels, les particuliers ainsi que le canton de Neuchâtel. La charte de la fondation le précise : « Nous nous engageons pour une inclusion sociale et une intégration professionnelle en tenant compte des spécificités individuelles. »

 

 

 

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