En 2024, le CCHAR… met le turbo !

Bernadette Richard

Créé à La Chaux-de-Fonds en 2022, le mystérieux CCHAR est déjà devenu indispensable aux arts de rue. Il inscrit La Tchaux dans un univers culturel en plein développement

Avec des hauts et des bas, la Métropole horlogère a toujours tenté de favoriser le monde culturel. À la tête du CCHAR installé à La Chaux-de-Fonds depuis moins de deux ans, une équipe de filles dynamiques administre ce nouvel instrument qui accompagne les arts en espaces non dédiés (à savoir, ni théâtres traditionnels ni salles de concerts, etc.), tout en aidant les artistes à vivre si possible décemment (de quoi payer les factures et manger correctement), et au public d’assister à des événements de plus en plus performants. En deux mots : hyper pros.

Le CCHAR, ou Centre de Création Helvétique des Arts de la Rue, est un pôle de compétences mis à disposition pour la création artistique en espaces publics. Il y a plus de dix ans, les responsables de la Plage des Six-Pompes constataient qu’il n’y avait pas de formation pour les artistes du macadam. La question se posait alors de soutenir un secteur éminemment populaire. Mais comment ?

La branche se débrouillait de bric et de broc et avait besoin de structuration et de validation auprès des pairs du domaine culturel : « Il s’agissait de sortir des clichés cracheur de feu et jongleur, pour entrer dans le système culturel suisse », précise Jennifer Wesse Moser, directrice. Son propre parcours au sein d’un univers artistique très éclectique (elle-même étant, entre autres, créatrice de théâtre d’objets) lui permet de mettre ses compétences au service de compagnies en manque d’outils, que l’on pense simplement à la gestion, la comptabilité, la diffusion d’un spectacle dans une société saturée de propositions culturelles.

La démocratie se frotte les mains
Dans un monde où le pouvoir de l’argent pourrit les rapports humains, « les arts de rue sont vraiment la démocratie appliquée à la culture », argumente Julie Bloch, administratrice. Pour preuve, riche ou pauvre, chacun est convié à la fête et dépose ensuite son obole dans le chapeau, en fonction de sa satisfaction et de l’état de son porte-monnaie.

Après un long combat politique, des discussions sur les moyens à mettre en place pour accompagner les artistes de rue, en 2021, le CCHAR est créé dans le cadre des APS (Accords de positionnement stratégique du canton). Autre point important : le bâtiment du Pantin (rue de la Ronde) a été racheté et rénové pour abriter des acteurs culturels : Plage des Six-Pompes, Bikini Test, Plates-Bandes, Petzi, Rue Bémol, qui pouvait aussi profiter au CCHAR.

Villa Numa inaugurée le 7 mars
Dans la foulée, des cours de formation sont organisés, des résidences d’écriture mises à disposition – le CCHAR ayant obtenu de la commune un appartement complètement équipé, la Villa Numa, où vont être accueillis des artistes venus d’ailleurs. Elle sera inaugurée le 7 mars.

Après des appels d’offres, sept « élèves » suisses et frontaliers ont répondu présents en 2021, 27 en 2022, 32 l’an dernier.

Si, pour les citoyens friands des arts de rue, le CCHAR offre un intérêt sur investissements (leurs impôts) récompensés par des spectacles de haute qualité grâce à la formation permanente – pour la ville, c’est un moyen de se faire connaître loin à la ronde. « D’ailleurs, plusieurs artistes désertent leur lieu de vie pour s’installer dans les Montagnes neuchâteloises », précise encore Jennifer Wesse Moser. « L’existence est ici plus facile, moins stressante, l’accueil bon enfant, les loyers moins chers et la nature à deux pas. »

Pour 2024, parmi les dossiers retenus, neuf compagnies bénéficieront de l’appui stratégique du CCHAR. Trois d’entre elles proviennent de Suisse alémanique, trois de Romandie et les trois autres sont du cru. La parité hommes femmes est respectée. Trois compagnies sont émergentes, les autres étant confirmées et issues de diverses disciplines, danse, théâtre, musique, cirque.

Autant de créateurs qui auront la possibilité de présenter ici leurs spectacles en « sortie de chantier », avant de s’en aller séduire les publics suisses et étrangers.

Comment assister aux spectacles à prix libre ? Consulter l’agenda en ligne : www.cchar.ch

 

 

Bêtes, déambulation de la Cie du Théâtre des Monstres, entre Muzoo et bibliothèque, a réuni 300 spectateurs en mars 2023 ! (Vincent Guignet)
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