La guerre des étoiles avec la Suisse aussi

Olivier Kohler

L’espace est devenu un enjeu de géopolitique mondiale

Il y a tout juste quarante ans, le président américain Ronald Reagan lançait l’Initiative de défense stratégique avec la volonté de créer un bouclier pour faire barrage aux missiles soviétiques. Un vieux fantasme américain destiné à repousser dans la stratosphère la rivalité nucléaire avec l’Union soviétique. C’est la naissance du fameux concept de la « guerre des étoiles ». Un programme aux accents hollywoodiens au final abandonné après l’effondrement de l’Union soviétique.

Durant la guerre froide, la rivalité entre Moscou et Washington alimentait la course spatiale. Aujourd’hui, c’est la concurrence entre Chinois et Américains qui s’inscrit au cœur de ce bras de fer intersidéral. La Chine a fait de la conquête de l’espace l’une de ses grandes priorités stratégiques. Après vingt ans d’exploration à l’aide de sondes et robots, elle prévoit même des vols habités dès 2029.

L’Inde, elle aussi, s’est affirmée comme un acteur de première importance. La conquête de l’espace n’est plus l’apanage des grandes puissances. L’Angola a lancé son propre satellite pour étoffer le débit Internet sur le continent africain. Le Danemark et la Colombie disposent de leurs propres satellites militaires. L’Espagne s’est elle aussi lancée dans la course spatiale. En Asie du Sud-Est, la conquête de l’espace est devenue un nouvel enjeu de rivalité entre les deux Corées qui se livrent aussi une véritable guerre des étoiles. Démonstration de force à grands renforts de déclarations nimbées de surenchère martiale et lancement de satellites espions.

Dernier épisode en date, l’annonce par Séoul de l’envoi d’un satellite de surveillance depuis la Californie, dans une fusée SpaceX d’Elon Musk. Le milliardaire américain est devenu un acteur omniprésent de cette conquête spatiale. Tous projets confondus, on devrait dénombrer d’ici une décennie plus de 100 000 satellites mis en orbite.

Un robot nettoyeur suisse va partir en 2026
En 2023, le nombre de satellites en orbite autour de la Terre a explosé, atteignant le chiffre record de 10 928, selon une étude du Bureau des affaires spatiales des Nations unies. Ce ne sont pas moins d’un million de fragments de fusées et de satellites qui gravitent aujourd’hui au-dessus de nos têtes. Ce qui fait 8 000 tonnes de déchets spatiaux en orbite… Pour dépolluer l’espace, peu de lois contraignantes, seules des recommandations de l’ONU. Et la Suisse ? Elle fait office de pionnier dans la lutte contre la pollution spatiale. C’est à l’EPFL qu’un projet pilote a été développé par la start-up ClearSpace, devenu un partenaire de premier plan pour l’Agence spatiale européenne pour contribuer à traiter les déchets spatiaux au-dessus de nos têtes.

Le premier robot nettoyeur conçu en Suisse réalisera sa première mission en 2026. La Suisse, une nation historiquement ancrée dans l’aventure de la conquête spatiale. Le premier drapeau déployé sur la lune était suisse. En 1992, le premier astronaute suisse Claude Nicollier s’envolait dans l’espace à bord de la navette américaine Atlantis. Sélectionné parmi 22 523 candidats, le Biennois Marco Sieber deviendra le deuxième suisse de l’histoire à partir dans l’espace.

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