Fromage suisse : valeur sûre que le franc fort ramollit

Gruyère en tête, les fromages helvétiques séduisent la planète. Mais le franc fort les freine à l’export…

Il n’y a pas que l’horlogerie qui souffre du franc fort. Cet autre fleuron helvétique que sont nos fromages est aussi pénalisé à l’exportation. Le marché est du coup plutôt tendu, aussi en regard des crises géopolitiques. Avec des stocks qu’il s’agit de distribuer de façon plus importante dans le pays. « Les stocks sont hauts. Si le Gruyère AOP continue de cartonner à la maison, il est devenu plus cher pour les acheteurs étrangers. Ce qui pénalise l’export », note Marie L’Homme, responsable communication en Suisse à l’Interprofession du Gruyère AOP.

Le Gruyère AOP, champion suisse à l’export, affiche un total de 12 593 tonnes vendues dans le monde l’an dernier. Impressionnant certes, mais en baisse comparé aux 13 293 tonnes en 2022 ou aux 13 168 tonnes en 2021. Il reste toutefois la meilleure vente pour La Maison du Fromage Sterchi.

Quid du procès aux États-Unis, qui souhaitent autoriser sa production, jugée « pas que Suisse » ? « Un recours est en cours mais il y a peu d’espoir », rapporte Marie L’Homme. Qui ne craint pas un impact trop fort : « Les Américains qui connaissent le Gruyère AOP vont contribuer à en acheter, il faudra communiquer sur les valeurs et la qualité de notre vrai Gruyère. »

Fêtant cette année ses 20 ans, le Vacherin Mont d’or AOP – qui est en pleine saison – produit en moyenne 540 à 550 tonnes de fromages par an : « On est dans la moyenne des dernières années », indique le gérant de l’Interprofession Pascal Monneron.

Après une saison 2022-2023 mitigée, le volume de production s’est stabilisé. « Ça va mieux. L’Interprofession a été prudente et a mieux adapté l’offre à la demande. » Bien que moins concerné par l’exportation, Pascal Monneron confirme une légère diminution de vente : « Les taux de change et la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs en sont les principales causes. »

Les cinq premiers mois de 2023, 28 000 tonnes de fromages suisses ont été exportées contre 30 000 tonnes importées selon un rapport de la Fédération des producteurs suisses de lait (PSL). Un déséquilibre dû à l’inflation et à la guerre en Ukraine, la population se tournant vers les produits moins chers. Cela implique l’accumulation d’invendus des fromagers suisses. L’avantage pour les consommateurs c’est que les prix baissent, alors que la qualité reste au sommet : en octobre dernier en Norvège, deux fromages suisses se sont classés dans le top 5 des World Cheese Awards.

Mais soyons de chauvins Montagnons : dévorons Brévinier, Britchon, Gélinot, Chaux d’Abel, Bleuchâtel, Major Benoît, Monlési ou encore Reblochaux, sans oublier nos tommes en tous genres… Et si vous souhaitez vous imprégner les narines, rendez visite à l’une des nombreuses fromageries de la région. (ab - gs)

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