Qui n’a pas connu Markus Jura Suisse, le vagabond de La Tchaux ? Jusqu’à son décès, il a fait partie de notre ville et des Montagnes neuchâteloises. Les samedis, il était toujours présent au marché.
Il a fait parler de lui une dernière fois en hiver 2020, quand il avait élu domicile dans l’abribus à côté de la place du Marché. Il s’y était plu, il avait un toit, un banc en bois pour dormir, des visites. Seulement, sa présence ne convenait pas à tout le monde.
Un psychiatre a ordonné un placement à Préfargier. En été 2021, il avait encore fait une dernière apparition au marché, habillé d’un manteau en fourrure. « Ils t’ont laissé partir ? », lui ai-je demandé. « Je suis parti tout seul », fut sa réponse. De retour à Préfargier, il a été transféré dans un home à la Côte-aux-Fées où il est mort le 17 décembre 2021 à l’âge de 87 ans.
Markus Schneider de son vrai nom, n’était pas un citoyen commode. Sans être un modèle, il était simplement un humain attachant. Dans les années 1970, ce graphiste et artiste-peintre vivait avec sa femme et ses six enfants dans le canton du Jura avant de tout quitter et vivre sa longue vie de vagabond, parsemant la région de sa fameuse signature codée.
Il a encore vécu une histoire d’amour dans notre ville et sa dernière fille est née de cette rencontre.
Ce n’était pas facile de le suivre dans ses discours sur Dieu et le monde parfois captivants, mais aussi rébarbatifs. Je garde de lui le souvenir d’un homme marginal, attachant, blessé par la vie. Il avait un bon lien avec certains ; d’autres l’ont conspué. À sa manière, il était malgré tout rayonnant. Il était très abordable pour ceux qui voulaient bien entrer en contact avec lui. Sa présence me manque.
